Miss Charity de Marie-Aude Murail
Le week-end dernier, j'ai eu la joie de tenir à nouveau dans mes mains Miss Charity de Marie-Aude Murail. Le seul nom de Marie-Aude Murail, avec ceux de Brigitte Smadja, Moka, Susie Morgenstern et Marie Saint-Dizier m'entraîne dans une douce rêverie sur les lectures de mon enfance. Je garde un charmant souvenir de ces histoires, et il m'arrive encore de faire revenir à moi des bribes d'intrigue en essayant de retrouver quelque chose de ce livre, un nom, un mot du titre ou ce à quoi devait ressembler la couverture. Dernièrement, j'ai eu envie de tenir à nouveau les ouvrages de Bruce Coville dans mes mains et ses histoires géniales d'extraterrestres.
Miss Charity est un livre énooorme, lourd, un pavé comme on dit. Une histoire d'au moins 6 cm d'épaisseur.
J'avais déjà voulu l'emprunter à la bibliothèque et, au moment d'enregistrer mes documents, j'avais dû le laisser là.
Je l'ai retrouvé il y a un peu plus d'une semaine au rayon "ados". J'avais un peu peur de me sentir tout d'un coup vraiment adulte, bam, comme ça, en lisant les vingt premières pages. Et non. J'ai simplement été conquise.
Je l'ai lu en à peine vingt-quatre heures. Ce livre conte l'histoire de Charity à la manière d'une saga sentimentale, mêlant Orgueil et Préjugés, Jane Eyre et Pierre Lapin. L'enfance de Charity est en effet habitée d'animaux en tout genre, crapauds, souris, hiboux, corbeaux, escargots et, donc, lapins. Ses parents sont guindés et sa mère soucieuse des convenances. Dans ce XIXe siècle étriqué, où aller à une réunion intitulée "Adam avait-il un nombril ?" pour une jeune fille est jugé délicat, Charity grandit, se passionne pour la mycologie, les fossiles et l'aquarelle. Elle vit au troisième étage de sa grande maison londonienne avec sa bonne aux cheveux de feu, Tabitha, légèrement folle et avec Mademoiselle, sa gouvernante française qui ne tarde pas à mettre au jour le talent de Charity pour l'aquarelle.
C'est elle qui nous raconte son enfance, son adolescent et sa vie de jeune femme ; j'aime le fait de suivre un personnage de ses premiers souvenirs à l'âge que j'ai moi-même, à peu de choses près. Et me revoilà en train d'essayer de me remémorer quelque chose de ce livre que j'ai lu quand j'avais peut-être onze ans, où le narrateur était tout d'abord un bébé qui essayait de s'exprimer de manière aussi aisée et assurée qu'il nous racontait l'histoire et qui, chose incompréhensible, ne réussissait qu'à crier, pleurer, puis, quelques mois plus tard, à babiller.
Bref. Ce livre je l'ai englouti, dévoré, adoré.
Le livre associe par ailleurs le texte de Marie-Aude Murail à près d'une centaine d'aquarelles de Philippe Dumas qui ont été pour moi de fulgurantes réminiscences de Quentin Blake (ah Roald Dahl et ses sorcières) et de Beatrix Potter.
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