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It's oh so kawaii
12 novembre 2008

Tamara Drewe de Posy Simmonds

   C'est drôle cette expression de "roman graphique". On l'emploie à chaque fois qu'on évoque une bd qui fait plus d'une cinquantaine de page. Kiki de Montparnasse de Catel et Bocquet par exemple, ou encore Blankets de Craig Thompson. J'adore ces deux livres, mais j'ai du mal à les décrire comme des romans graphiques, même si comme un roman ils vous happent et ne vous lâche que plusieurs heures après, même si l'intrigue peut être très alambiquée, même si on a par moment la sensation que le dessin est un moyen avant tout et pas seulement une fin.

   Conjuguer roman et dessin, c'est ce que fait pourtant Posy Simmonds. Chaque fois que j'ai lu Gemma Bovery je l'ai fait avec la même avidité ; l'auteur y transposait l'intrigue d'Emma Bovary dans un petit village de la Normandie actuelle, avec ses couples d'anglais qui viennent s'y installer loin des affres de la ville - ou plutôt s'incruster si on s'enquiert de l'avis de certains. J'en avais aimé d'emblée cette couverture aux couleurs douces et éteintes réveillées par le rouge de Gemma, la brève concision des traits et l'humour qui se faisait jour dans le récit des personnages qui devienaient tour à tour narrateurs.

gem

   On retrouve dans Tamara Drewe les mêmes ingrédients, et j'ai eu l'impression en m'immergeant dans le livre d'entrer après une longue absence dans une maison qui m'était familière ou de retrouver un ami de longue date.

   A première vue les mêmes portraits y sont brossés, à commencer par le cinquantenaire bedonnant, témoin privilégié de relations souvent abîmées entre les individus qui l'entourent et fascinée par une jeune beauté ; la jeune beauté en question que l'on commence par croiser de plus en plus souvent se promenant à travers champ set qui  va aux yeux des autres s'immiscer dans la vie de leur petit village, dans leur communauté ; des écrivains venus se réfugier dans ce qu'ils croient être de prime abord un havre de paix, des propriétaires terriens, des jeunes paumés et des femmes trompées. Parce que l'un des personnages centraux de Gemma Bavery et de Tamara Drewe (qui portent, autre point commun, tous les deux le nom d'une jeune femme métamorphosée grâce à un régime draconien ou une opération esthétique), c'est avant tout l'adultère, qui révèle la bassesse de chacun mais donne également lieu à la fragmentation de la petite communauté et aux commentaires les plus mesquins. Une atmosphère malsaine qui aura des conséquences graves : les deux oeuvres se muent alors fatalement en tragédies.

   Chaque page est un savant assemblage de cases dessinées, de parties écrites ou de bouts de papier - chroniques de presse people, post-it, feuilles griffonnées au crayon papier et même par-ci par-là quelques textos. Les faits, les sensations et les réflexions parfois les plus intimes et ces petits papiers qui constituent parfois la preuve de la tromperie. Certains moment vont ainsi pouvoir être décortiqués par la multiplicité des points de vue : les pensées des autres ne sont pas forcément celles que l'ont croit, et les choses vont se révéler fragiles, les couples comme les êtres eux-mêmes - que ce soit sur le plan de la confiance en soi et de sa relation à l'autre ou que cela relève du fait d'être en vie, tout simplement, et d'en avoir la maîtrise.

https://storage.canalblog.com/62/56/281150/15211309.jpg une brève interview de Posy Simmonds sur arte.tv

https://storage.canalblog.com/62/56/281150/15211309.jpg un aperçu de Tamara Drewe :

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[source : guardian.co.uk]

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Commentaires
T
Tres beau blog voir le mien si ca te dit<br /> http://toledo-lawyers.blogspot.com/
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